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Néocolonialisme, extractivisme, violences et criminalisation des luttes sociales

2005 à aujourd'hui

Vers la fin des années 1990, avec la propagation du néolibéralisme à travers l’Amérique latine, une multiplication des projets extractifs se fit sentir dans toute la région, propulsée par des prix élevés des métaux, de nouveaux procédés permettant l’extraction de ressources auparavant inaccessibles et des cadres d’investissement particulièrement favorables. Alors que le capitalisme exige toujours plus de ressources, l’exploitation à grande échelle du pétrole, du gaz, des cours d’eau ou des gisements miniers devint une cause centrale des violations des personnes, des collectivités et des peuples autochtones dans le monde, et ayant transformé et détérioré des écosystèmes, dans certains cas à des niveaux irréversibles.

Partout dans les Amériques, les mouvements sociaux commencèrent à dénoncer ces nouvelles formes de colonialisme qu’entraîne la mainmise des transnationales extractives sur les territoires. Les communautés affectées revendiquaient le respect de leur droit à l’autodétermination, y compris le droit de dire non à des projets qui viennent transformer radicalement leur vie et leur milieu sans qu’elles aient été consultées adéquatement. Les mégaprojets d’extraction ont été et demeurent hautement controversés et engendrent une recrudescence inquiétante de la militarisation, de la violence, de la criminalisation et la répression de la résistance. Les minières canadiennes, notamment, ont une présence importante dans la région. En effet, plus de la moitié des entreprises minières dans le monde sont domiciliées au Canada, un pays qui offrent des conditions politiques, juridiques, économiques et financières extrêmement avantageuses pour l’industrie.

Des milliers de personnes sont descendues dans la rue pour manifester contre le projet hydroélectrique Paso de la Reina dans la communauté de Jamiltepec dans l’État d’Oaxaca au Mexique, 4 décembre 2009.

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Au Québec et au Canada, de nombreux groupes se sont engagés au fil des ans pour faire connaître les abus commis par des entreprises extractives canadiennes dans le monde et dénoncer l’impunité qui entoure leurs actions. En 2007, la Coalition québécoise sur les impacts socio-environnementaux des transnationales en Amérique latine (QUISETAL), coordonnée par L’Entraide missionnaire et constituée de diverses organisations sociales et groupes de recherche, a vu le jour. Elle a réalisé entre 2009 et 2013 quatre éditions du colloque international « Plan Nord, Plans Sud » afin de mettre en lumière les processus de résistance et les stratégies de mobilisation dans les Amériques. La Coalition et ses membres ont ainsi tissé des liens étroits avec des groupes et réseaux d’Amérique latine, du Québec et du Canada. Au niveau pancanadien, le Réseau canadien sur la reddition de comptes des entreprises (RCRCE) s’est constitué en 2005 pour plaider pour l’adoption d’une loi établissant des normes obligatoires pour les sociétés extractives canadiennes opérant à l’étranger.

À l’occasion de la 2e Journée mondiale contre les mines à ciel ouvert, une tournée des consulats latino-américains à Montréal a été réalisée afin de dénoncer les violations des droits humains causées par l’industrie minière canadienne en Amérique latine, 22 juillet 2010.

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Les efforts de mobilisation de la société civile pour dénoncer les effets du modèle de développement extractif ont aussi inclus des campagnes de désinvestissement, la participation à des assemblées annuelles des entreprises ou des délégations solidaires. En 2014, sollicité par une coalition d’une quarantaine de groupes de la société civile du Québec et du Canada, le Tribunal permanent des peuples (TPP), un tribunal éthique international fondé en 1979 en Italie, a siégé à Montréal afin d’analyser les situations de violations systémiques des droits des peuples liés à l’industrie minière canadienne en Amérique latine, en portant une attention particulière à la responsabilité de l’État canadien.

Session du Tribunal permanent des peuples (TPP) sur l’industrie minière canadienne, 29 mai au 1er juin 2014. Le TPP s’est présenté comme un chantier de recherche, une tribune et un espace d’échange pour les personnes et collectivités affectées par l’industrie minière au Canada et dans le monde.

Photographie de Gilles Pilette

Les échanges et les liens de solidarité entre les communautés affectées par les projets de développement en Amérique latine et au Québec ont permis d’alimenter les réflexions sur le maintien d’un modèle de développement fondé sur la croissance à tout prix sans égard pour les limites de la planète et d’amorcer un dialogue avec des perspectives alternatives, notamment le « bien-vivre » (buen vivir) porté par les peuples autochtones des régions andines.

Mur de femmes contre les oléoducs et sables bitumieux lors du Forum social mondial en août 2016 à Montréal.

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