Au tournant des années 1980, l’Amérique centrale était en pleine ébullition. Le Nicaragua venait de renverser en 1979 la dictature de la famille Somoza après de longues années d’insurrection mouvementée menée par la Front sandiniste de libération nationale (FSLN). En 1980, son voisin, le Salvador, sombrait dans la guerre civile entre le Front Farabundo Martí de libération nationale (FMLN) et la junte militaire. Le 24 mars 1980, l’assassinat de Monseigneur Oscar A. Romero, archevêque de San Salvador, secoua le pays et demeure aujourd’hui un des plus grands symboles de la violence du régime militaire. Au Nord, le Guatemala vivait déjà sous un régime militaire depuis le coup d’État de 1954 contre Jacobo Arbenz Guzmán en réponse à sa réforme agraire qui menaçait les intérêts économiques de la United Fruit Company des États-Unis. Dans ce pays, les années 1980 virent une violence sans précédent alors que des centaines de villages furent incendiés et que près de 200 000 mayas furent assassinés par les forces armées. Longuement surnommées « républiques de bananes » et réduits à de simples intérêts économiques, ces pays ont subi pendant de longues décennies l’ingérence des États-Unis dans leurs affaires internes et politiques.
Au Québec, de nombreuses initiatives de solidarité virent le jour devant l’espoir que représentait l’arrivée au pouvoir du FSLN au Nicaragua. Des organisations comme la Centrale de l’enseignement du Québec (CEQ) organisèrent des missions d’observation et de solidarité afin de documenter les nouveaux projets du gouvernement sandiniste, notamment la campagne d’alphabétisation réalisée en 1980. Des représentant-e-s du FSLN vinrent au Québec parler des réussites de la révolution, souhaitant obtenir le soutien de la communauté internationale contre le mouvement contre-révolutionnaire financé par les États-Unis. La campagne pancanadienne Outils de paix mobilisa une partie de l’attention du public pour recueillir des fonds et du matériel à acheminer au Nicaragua par bateau.