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Dictatures et répression dans le Cône Sud

1973-1990

Au cours des années 1970, les pays du Cône Sud de l’Amérique latine assistèrent à l’arrivée violente de régimes militaires marqués par des violations des droits humains et de la répression systématique des libertés. L’ampleur de la solidarité avec ces populations, particulièrement du Chili, ne fut pas une action spontanée, mais plutôt le fruit de l’intérêt envers le gouvernement de Salvador Allende au Québec et à travers le monde. Lorsque le coup d’État survint le 11 septembre 1973, les mouvements syndicaux et populaires québécois suivaient déjà de près la lutte menée au Chili pour paver la voie au socialisme, dans la foulée de l’effervescence de la Révolution tranquille, une période de changements sociopolitiques profonds au Québec. La présence de missionnaires en Amérique du Sud depuis le début des années 1960 ainsi que la fondation du Secrétariat Québec-Amérique latine en avril 1973 reflètent cette attention portée à la situation politique de la région et aux transformations sociales en marche durant cette période.

Plusieurs de ces missionnaires québécois furent témoins des coups d’État et revinrent au Québec bouleversés par les événements, désirant établir une solidarité avec les populations affectées. Aux côtés de militant-e-s déjà mobilisé-e-s, ils fondèrent des organisations de solidarité à travers la province, comme le Comité de Solidarité Trois-Rivières et le Comité Québec-Chili, quelques jours seulement après le coup d’État. C’est également dans ce contexte que le Comité chrétien pour les droits humains en Amérique latine (CCDHAL, aujourd’hui CDHAL) vit le jour, fondé par des membres des Églises chrétiennes de Montréal.

Une mobilisation importante fut observée au Québec dès le jour même du renversement du gouvernement d’Allende par les forces militaires. Un vaste réseau de coopération entre les différents mouvements se mit en place, alimenté par l’arrivée de réfugié-e-s politiques, et centra ses efforts à sensibiliser et mobiliser la population québécoise à travers des assemblées d’information, des manifestations et diverses campagnes d’éducation politique.

Des outils de sensibilisation, tels que le bulletin Chili-Québec Informations (1973), la revue Solidarité (1977) du Centre international de solidarité ouvrière (CISO) et la revue Caminando (1980) du CDHAL, jouèrent un rôle essentiel dans la diffusion périodique de la situation dans le Cône Sud et la mobilisation de la solidarité des organismes au Québec.

Manifestation contre la dictature au Chili sur la rue Sainte-Catherine à Montréal, avril 1986.

Photographie de André Querry

Grâce aux liens tissés avec des organisations comme les Mères de la Place de Mai en Argentine et le Groupe de familles de détenus disparus au Chili, ainsi qu’avec l’Église, il fut possible de suivre de près les cas de répression, d’arrestations, de disparitions forcées et d’assassinats. Les organisations de solidarité québécoises jouèrent un rôle important à travers les actions urgentes afin de dénoncer et de faire pression auprès des autorités pour le respect des droits humains. Elles exercèrent également des pressions auprès des différents paliers de gouvernement, souhaitant venir en aide aux réfugié-e-s en les accueillant au Québec, comme ce fut le cas de Carmen Quintana, une jeune Chilienne brûlée vive par les forces militaires lors d’une manifestation en 1986.

Le maire de Montréal, Jean Doré (1986-1994), reçoit Carmen Quintana et les représentant-e-s de la communauté chilienne, 11 juillet 1988.

Courtoisie de Roberto Hervas

L’arrivée d’un grand nombre de réfugié-e-s chilien-ne-s, une des premières vagues d’immigration notables d’Amérique latine, donna naissance à des organisations comme le Comité chilien pour les droits humains, qui existe encore aujourd’hui, qui lutta aux côtés de ses homologues québécois pour la défense et la justice des populations et pour le retour à la démocratie. Ces actions communes, ainsi que l’implication d’un grand nombre de réfugié-e-s chilien-ne-s au sein des mouvements populaires et syndicaux québécois, générèrent des influences réciproques qui renforcèrent les luttes pour une solidarité sociale au Québec.

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